Recycler une machine

Recycler une machine jpp

J'ai une vieille machine, pensez, plus de trois ans, je ne suis plus du tout dans la course. Il faut d'urgence faire quelque chose. 
Afin de rester dans l'air du temps je décide de "recycler" le maximum de composants de mon ancienne machine, les deux articles suivants présentent les péripéties de ce recyclage dont une des contraintes était de garder toutes mes données personnelles, mails, documentation .... en minimisant les risques. 
 

Recyclez vos machines ... le hardware

Recyclez vos machines ... le hardware jpp

Ma machine principale commençait à donner des signes de faiblesse et était une grosse consommatrice d'énergie. 
Machine d'origine :

  • 2 Athlon MP, pas un dual core, mais bien 2 Cpu mono core
  • une carte mère MSI pour bi-processeur
  • 2 disques SCSI de 36Go à 15000 tours
  • 2 disques SATA de 250Go montés en miroir
  • 3 gigas de RAM
  • carte video AGP
  • diverses cartes d'extension : SCSI, réseau
  • Boitier tour Antec
  • Alimentation Antec de 650W quasiment neuve

La consommation de l'engin était de l'ordre de 200W électriques en pleine action, de 170 en ne faisant rien et 30W en "veille" (machine stoppée mais alimentation non coupée). 
Quelques ennuis :

  • Une alim grillée avec perte du disque système
  • Des lenteurs au boot s'étant manifestés (boot "à la manivelle" ou à l'aide du CD de secours) j'ai décidé qu'il était temps d'upgrader cette machine dont l'architecture datait de plus de trois ans.


Pour faire un peu plus "vert" j'ai regardé du coté des processeurs peu "énergivores" et j'ai jeté mon dévolu sur un AMD Phenom 950e (Quad core basse consommation à 2,5Ghz). 
Pour la carte mère j'ai longtemps hésité puis jeté mon dévolu sur une carte MSI  790FX-GD70 munie des derniers chipsets AMD  et de :

  • deux interfaces réseau 1Gb
  • plein de ports USB
  • 6 sorties SATA principales
  • 2 sorties SATA sur un deuxième contrôleur
  • 1 sortie eSATA
  • 1 sortie son qui semble très correcte
  • 1 sortie ATA pour relire les vieux disques ... pas les 78 tours quand même
  • plein de trucs pour économiser l'énergie ? Tout doit être vert maintenant.
  • facilités d'overclocking

J'ai décidé de récupérer le plus possible d'éléments de l'ancien système et de passer allègrement en 64 bits. 
Eléments récupérés :

  • le boitier, que j'utilise encore en 2022
  • l'alimentation (presque neuve !)
  • les deux disques SATA contenant toutes mes données personnelles

Auxquels ont été adjoints :

  • un disque SSD OCZ vertex de 32 Go pour le système
  • 8 gigas de RAM (4 * 2Go)
  • la carte mère
  • le processeur
  • une carte video PCI Express

 Une fois la décision prise il faut se fabriquer une petite procédure de migration afin de prendre le minimum de risques pour :

  • se garantir contre la perte des données personnelles
  • se garantir contre la perte des paramètres du système

Pour remplir ce mini cahier des charges les opérations à réaliser :

  • Sauvegarder les données personnelles importantes sur un disque externe
  • Mettre en sureté les deux disques SATA (débranchement/démontage)
  • Sauvegarder les répertoires système contenant des paramétrages qui peuvent servir notamment :
    • /etc
    • /var
    • /usr
  • tenter de relire les sauvegardes réalisées, on ne sait jamais !

Une fois toutes ces opérations "sécuritaires" réalisées on peut s'attaquer au boulot physique :

  • repérage et marquage du cablage reliant boitier et carte mère, vieux cables poussiéreux, atchoum ! (pas H1N1 heureusement)
  • démontage propre (!) des disques SCSI, si jamais j'en avais besoin
  • démontage propre de la carte vidéo et des cartes d'extension (contrôleur SCSI, contrôleur SATA, carte réseau 1Gb, carte video non réutilisable car AGP).

Après un bon dépoussiérage à l'aspirateur et on peut s'attaquer au remontage :

  • montage du processeur et de son radiateur (d'origine) "sur table"
  • mise en place de la mémoire, c'est plus facile avec la carte mère "sur table"
  • montage de la carte mère dans le boitier
  • mise en place du joli cache de la face arrière plein de belles couleurs que l'on ne voit plus ensuite !
  • disque SSD (il est tout petit dans son logement pour disques 3,5)
  • câblage avec changement des cables de l'alimentation pour les disques SATA, heureusement cette alimentation était livrée avec plusieurs jeux de cables disques aux différents formats (IDE et SATA) et trois sorties séparées "pluggables" sur le boitier pour la stabilité ...
  • Mise en place du lecteur/graveur CD/DVD en SATA, le vieux était en IDE !
  • Mise en place de la carte video PCI Express
  • pas d'autres extensions, tout est compris, son et réseau.

Je garde volontairement le montage des deux disques SATA pour plus tard lorsque le système sera stable, on ne prend pas de risques avec les données personnelles... 

Alors, on y met le feu ? 
Pas tout de suite, une petite révision du câblage pour limiter les dégâts. 
Après le branchement électrique et la mise sous tension, j'appuie sur le bouton de mise en route et tends l'oreille (et l'oeil) pour guetter le démarrage des ventilateurs. 
Horreur, un des ventilateurs du chassis ne démarre pas ! Je coupe et revérifie le câblage --> câble pas enfiché à fond ! . 
Un nouveau petit coup sur le bouton, tout ronronne normalement, aucun voyant rouge clignotant ne s'est allumé, seules quelques belles LED bleues illuminent l'intérieur du boitier, on croirait presque un arbre de Noël et l'écran affiche la configuration du BIOS ... c'est parfait. 

On va pouvoir passer à l'installation "soft" ... au prochain article.

Recyclez vos machines ... le software

Recyclez vos machines ... le software jpp

Pour le système comme je suis un fan des distributions Debian la question ne se posait même pas, j'installe donc une Debian sur le beau disque SSD. 
Je n'aime pas mettre tous les oeufs dans le même panier et je prévoit d'utiliser le partitionnement suivant :

  • Boot #1Go pour pouvoir mettre en place plusieurs versions et peut-être Xen
  • Swap # 1Go par habitude, bien qu'avec 8Go de mémoire le swap devrait être nul !
  • Le reste soit environ 30Go pour la partition racine

La carte dispose de deux contrôleurs SATA :

  • Le premier avec deux sorties, je les utilise pour le SSD système et le lecteur de CD, Ce contrôleur dispose d'une fonction RAID intégrée que je n'exploiterai pas ici.
  • Le deuxième avec six sorties que je garde pour la suite.

Je "brancherais" plus tard le disque contenant mes données personnelles, vive "ln -s ...". 
Comme j'ai lu quelque part que l'installation pouvait poser des problèmes sur les SSD si l'on démarrait "plein pot" je réduis le diviseur dans le Bios de 12,5 à 6. Comme la carte dispose d'interfaces réseau "incorporés" je lance une installation avec le CD "Net Install" promptement téléchargé et gravé sur une autre machine (# 180Mo c'est vite fait). Je démarre et je choisis l'installation "texte" et précise la langue, le clavier ... tout le "hard" semble bien reconnu et la configuration réseau automatique (vive le DHCP) est OK. Je décide de faire une installation minimale de la version "stable" de Debian avant de basculer en "unstable" que j'aime bien utiliser sur une machine personnelle (ne pas le faire sur une machine de production !). Tout se passe bien, le téléchargement par le réseau d'un grand nombre de packages (1172 paquets !) est parfait (environ 30 minutes sur ma liaison), l'installation de déroule sans aucun problème apparent. 
Je décide d'utiliser le tout nouveau "Grub" (1.97 en attendant le 2.0) et non le vieux "lilo" auquel je m'étais bien habitué. Ah, ça reboote ... et le démarrage est ultra rapide, X se lance sans problème à la bonne définition correspondant à celle de mon écran : 1680 x 1050 sans que je n'aie rien fait ! Un gros bon point à toute l'équipe Debian. 
Après quelques tests je décide de passer en "unstable" comme je l'avais prévu. Après quelques modifications dans le fichier "/etc/etc/sources-list" je lance la commande fatidique : aptitude dist-upgrade 
Après quelques temps de réflexion aptitude me propose une première solution qui me semble parfaite, je réponds donc "Oui" et appuie sur la touche "Entrée" ... c'est parti ... il y a plus de 500 Mo à charger, je laisse donc l'opération se dérouler pendant que je vais faire une petite promenade très favorable à une meilleure santé, en plus il fait très beau aujourd'hui ! Je repasse une bonne heure plus tard, tout est fini, même le noyau a été upgradé et le fichier "grub.conf" mis à jour. L'ancien noyau reste bien sûr disponible. 
Je reboote sur le nouveau noyau et tout est OK, sauf l'accès X : plus de souris et plus de clavier ... après un bon moment de réflexion je vais consulter le log de GDM qui me dit ne pas avoir trouvé les drivers clavier et souris ???? 
Je vais voir dans le répertoire "/usr/lib/xorg/modules/input" et c'est exact, les drivers "kbd_drv.so" et "mouse_drv.so" brillent par leur absence ! Je suis bon pour ré-installer les paquets :

  • kbd_drv.so
  • mouse_drv.so

Aprés ce petit "hic" l'accès est normal et je peux me lancer dans la suite : installer les paquets des logiciels auquel je suis habitué :

  • Apache + PHP
  • Mysql
  • OpenOffice
  • Postfix
  • Evolution
  • ...

On relance "aptitude" avec la liste des logiciels voulus et tout s'installe directement. 
Je sais bien que je n'ai pas pensé à tout et que pendant 3 ans j'avais, petit à petit, ajouté des utilitaires "indispensable", tant pis on les ajoutera à grands coups de "apt-get istall le_logiciel_qui_me_manque". 
Il suffit ensuite de récupérer les "anciens" fichiers de paramétrage depuis la sauvegarde de "/etc" de ces logiciels pour qu'ils fonctionnent exactement comme sur l'ancien système 32bits. 
Il est temps maintenant de reconnecter le miroir contenant mes données personnelles labellé RAIDZZZ. Quelques coups de tournevis pour tout bien fixer et on relance le zinzin. Le disque est là, il me suffit de reconnecter le répertoire "home" présent sur ce disque en lieu et place du /home par un bon : mv /home /home_ori 
ln -s /RAIDZZZ/home /home et modifier le fichier "fstab" pour qu'il reconnaisse le label "RAIDZZZ" dès le boot :  LABEL=RAIDZZZ   /RAIDZZZ  ext3  relatime    1    1 
Un reboot plus tard je fait un login sur mon utilisateur perso et je retrouve toutes mes petites affaires, documents, mails ... parfaitement en place, icônes et applets Gnome compris, comme sur l'ancien bouzin, ça c'est formidable ... Je peux donc maintenant retravailler car cela "pète le feu". Tiens au fait, ai-je remis le multiplicateur à 12.5 ? Un petit tour dans le Bios plus tard je constate que, bluffé par la performance, j'avais complètement oublié de remettre ce truc à la bonne valeur, je travaillai donc à 50% de la vitesse. Vite on remet l'accélérateur "pied au plancher". Ouahhh, là çà décoiffe carrément, l'écran de login X en une quinzaine de secondes après le choix du noyau dans Grub. Il est temps de regarder la consommation de cet engin :

  • # 10 W à l'arrêt en veille
  • # 105 W en marche sans activité processeurs à 800 Mhz
  • # 145 W en recompilant un noyau Linux avec "make -j 6" pour saturer les processeurs

Là c'est nettement moins que l'ancienne machine, ma facture EDF devrait baisser ... Allez j'y retourne pour surfer un peu. Quelques mesures ( zut j'avais oublié d'installer "hdparm" ) :

  • Disque SATA en miroir : 
    hdparm -t /dev/md2 
    /dev/md2: 
    Timing buffered disk reads:  220 MB in  3.01 seconds =  73.11 MB/sec
  • Le disque SSD : 
    hdparm -t /dev/sda2 
    /dev/sda2: 
    Timing buffered disk reads:  378 MB in  3.00 seconds = 125.95 MB/sec

La vitesse est au rendez-vous. 

Temps de démarrage :

  • Temps depuis le choix du kernel dans GRUB jusqu'à l'affichage de l'invite de X : # 20 secondes
  • Temps d'affichage complet du bureau après la saisie du mot de passe : # 9 secondes


Ces temps sont de beaucoup plus courts que ceux de l'ancien système : # 60 secondes pour le boot et # 35 secondes pour l'affichage du bureau. 

64bits + SSD ça décoiffe.